La plupart des gens pensent que l’accident vasculaire cérébral est une maladie liée à la vieillesse. Par contre, le risque d’accident vasculaire cérébral chez les nouveau-nés est semblable à celui chez les personnes âgées. L’accident vasculaire cérébral dans les 28 premiers jours de la vie est beaucoup plus commun que les parents ne le pensent. Cependant, l’accident vasculaire cérébral dans ce groupe d’âge vulnérable n’est souvent pas diagnostiqué et n’est donc pas traité.
Qu’est-ce que l’accident vasculaire cérébral et quelle est sa fréquence ?
Un accident vasculaire cérébral est un arrêt subit ou une diminution du flot sanguin au cerveau, assez sévère pour endommager le cerveau. Il existe deux types d’accidents vasculaires cérébraux : ischémique et hémorragique.
L’accident vasculaire cérébral ischémique survient lorsque le flot sanguin au cerveau est diminué, habituellement causé par un caillot, aussi appelé thrombus, qui s’est logé dans un des vaisseaux sanguins cérébraux. Il existe deux types d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques chez les enfants, plus particulièrement chez les nouveau-nés : la thrombose des sinus veineux cérébraux lorsque le caillot s’est logé dans une veine cérébrale, et l’accident vasculaire cérébral artériel ischémique lorsque le caillot s’est logé dans une artère cérébrale.
L’accident vasculaire cérébral hémorragique survient lorsqu’un vaisseau sanguin du cerveau ou près du cerveau se rompt, causant une hémorragie cérébrale.
L’incidence de l’accident vasculaire cérébral chez le nouveau-né est très élevée en comparaison à celle chez le nourrisson et pendant l’enfance. La thrombose des sinus veineux cérébraux affecte un nouveau-né sur 6000, un nouveau-né sur 4000 pour l’accident vasculaire cérébral ischémique et un nouveau-né sur 4000 pour l’accident vasculaire cérébral hémorragique. Le risque d’avoir un accident vasculaire cérébral diminue de façon significative après la période néonatale et reste bas jusqu’à la vieillesse.
Quels sont les symptômes d’un accident vasculaire cérébral chez les nouveau-nés ?
Les nouveau-nés ne présentent pas habituellement de symptômes cliniques lors d’un accident vasculaire cérébral. Le problème passe souvent inaperçu et n’est donc souvent pas traité jusqu’à ce que l’enfant soit plus âgé. Les symptômes communs observés chez des enfants plus âgés ou des adultes tels que les problèmes d’élocution, un engourdissement unilatéral ou une perte d’équilibre sont difficiles ou impossibles à détecter chez le nouveau-né.
Parmi tous les nouveau-nés symptomatiques, la grande majorité aura des convulsions. C’est le symptôme d’accident vasculaire cérébral le plus caractéristique chez ce groupe d’âge. Les symptômes de convulsion sont parfois difficiles à identifier, et comprennent les signes suivants :
- des mouvements faciaux répétitifs de succion, de mastication ou des mouvements oculaires;
- des mouvements anormaux de bicyclette ou de pédalage;
- regarder fixement;
- l’apnée, ou des pauses dans la respiration associées à un ralentissement des battements du cœur;
- des mouvements rythmés et saccadés des muscles faciaux, de la langue, des bras, des jambes et d’autres parties du corps;
- un raidissement ou resserrement de groupes musculaires;
- des secousses rapides et uniques d’un seul bras ou d’une seule jambe, ou de tout le corps.
Un des symptômes principaux d’un accident vasculaire cérébral chez l’adulte est une faiblesse d’un seul côté du corps. Par contre, puisque le cerveau du nouveau-né est immature, ce symptôme ne peut pas être observé chez les nouveau-nés victimes d’un accident vasculaire cérébral. En général, environ seulement 15 % de ces petites victimes démontrent moins de mouvements d’un seul côté de leur corps. Cette faiblesse unilatérale est plus facile à observer chez les nourrissons plus âgés. La « préférence manuelle » est un symptôme qui peut apparaître quelque temps après la période néonatale, lorsque l’enfant est âgé entre six semaines et six mois. Ces bébés préféreront utiliser soit leur main gauche ou leur main droite et attraperont les objets davantage avec cette main. Certains parents voient cette préférence comme un signe d’habiletés précoces, alors que c’est le symptôme d’un accident vasculaire cérébral. La préférence manuelle apparait seulement après l’âge de 12 mois chez les enfants en santé.
Pourquoi y a-t-il des accidents vasculaires cérébraux chez les nouveau-nés ?
Au cours de la grossesse, des protéines passent à travers le placenta de la mère vers le bébé, ce qui aide à réduire le risque d’hémorragie. Par contre, ceci augmente le risque de formation de caillots et d’accident vasculaire cérébral chez le fœtus. De plus, des caillots peuvent parfois se former dans le placenta et se déplacer dans la circulation sanguine du fœtus. Ces caillots peuvent éventuellement atteindre le cerveau du bébé et causer un accident vasculaire cérébral.
La période du travail et de l’accouchement est un autre moment propice à l’accident vasculaire cérébral. L’accouchement peut causer beaucoup de pression sur la tête du bébé ainsi que sur les artères et les veines cérébrales, ce qui peut causer la formation de caillots et un accident vasculaire cérébral. Par ailleurs, le sang des nouveau-nés est plus épais que celui des enfants plus vieux ou des adultes (il y a deux fois plus de globules rouges dans le sang d’un nouveau-né que dans le sang d’un adulte), ce qui augmente les chances de formation de caillots. Dans les premiers jours après la naissance, la déshydratation peut être une complication qui peut entraîner la formation de caillots sanguins.
Quels sont les facteurs de risque d’un accident vasculaire cérébral chez les nouveau-nés ?
Plusieurs facteurs peuvent rendre un nouveau-né vulnérable à un accident vasculaire cérébral. Si le nouveau-né a une anomalie congénitale causant une communication intracardiaque, il est plus facile pour un caillot de passer d’une région du corps à l’autre, à travers le cœur et vers le cerveau. S’il existe des antécédents familiaux de problèmes de coagulation, le risque d’accident vasculaire cérébral est plus élevé chez le nouveau-né. Certaines infections comme une septicémie ou une méningite peuvent mener à la formation de caillots. D’autres facteurs de risques comme la déshydratation et l’accouchement ont été décrits précédemment.
Comment diagnostiquer l’accident vasculaire cérébral chez le nouveau-né ?
L’accident vasculaire cérébral peut parfois être diagnostiqué alors que le bébé est encore dans l’utérus. Ceci survient généralement lorsque l’on soupçonne l’existence d’une malformation congénitale et que l’on fait passer un test d’imagerie par résonance magnétique (IRM) fœtale à la mère. Il est très facile de détecter les accidents vasculaires cérébraux chez le fœtus au cours de ce test. Chez certains fœtus, un accident vasculaire cérébral très grave peut être détecté à l’échographie au cours de la grossesse. Des tests d’imagerie additionnels peuvent être effectués après la naissance pour confirmer le diagnostic.
De plus, tous les nouveau-nés ayant des convulsions devraient subir une échographie et une tomodensitométrie de la tête. Ils pourraient également avoir à subir un test d’imagerie par résonance magnétique. Même si l’imagerie par résonance magnétique est plus sensible, tous les accidents vasculaires cérébraux peuvent être détectés à la tomodensitométrie. Dans un monde idéal, un test d’imagerie par résonance magnétique serait passé en premier, suivi d’un artériogramme par résonance magnétique (ARM) et d’un veinogramme par résonance magnétique (VRM) afin d’examiner plus en détail les vaisseaux sanguins du cerveau.
Comment traiter l’accident vasculaire cérébral chez le nouveau-né ?
Même si l’on peut poser le diagnostic d’accident vasculaire cérébral au cours de la grossesse, le fœtus ne peut pas recevoir de traitement avant l’accouchement. Les dommages causés par l’accident vasculaire cérébral sont irréversibles, même après la naissance du bébé. Par contre, des anticoagulants peuvent parfois être administrés pour éviter le grossissement du caillot. Un anticoagulant diminue la capacité du sang à coaguler. Un anticoagulant peut être administré pour éviter le grossissement du caillot si le nourrisson a subi un accident vasculaire cérébral ischémique sans hémorragie cérébrale.
Les études ont démontré que l’utilisation d’un anticoagulant est sans danger pour de traiter une thrombose des sinus veineux cérébraux sans hémorragie cérébrale. Près d’un quart des nouveau-nés atteints de ce type d’accident vasculaire cérébral qui ne reçoivent pas d’anticoagulant démontrent un élargissement de leur caillot sanguin.
En contrepartie, les nouveau-nés atteints d’un accident vasculaire cérébral artériel ischémique n’ont habituellement pas besoin d’un anticoagulant à moins qu’un caillot additionnel présent dans le cœur menace de monter au cerveau. Un anticoagulant ne devrait pas être administré si le nourrisson a subi un accident vasculaire cérébral hémorragique, c’est-à-dire qu’il y a un saignement dans le cerveau, car cela pourrait empirer le saignement.
Quelles précautions peuvent aider à prévenir l’accident vasculaire cérébral chez les nouveau-nés ?
Étant donné que plusieurs accidents vasculaires cérébraux chez les nouveau-nés ont eu lieu au cours de la grossesse, il est important de prendre toutes les précautions possibles afin que le fœtus reçoive un flot sanguin adéquat. Les femmes enceintes devraient manger sainement, éviter le tabagisme et la déshydratation.
Si la femme enceinte a des antécédents personnels ou familiaux de problèmes de coagulations, elle devrait subir un dépistage génétique pour la mutation du facteur V de Leiden qui peut entraîner une coagulation accrue chez le nourrisson. Si les médecins savent que le nourrisson risque d’être atteint de cette maladie, ils peuvent prendre les moyens nécessaires pour la contrôler.
Le nourrisson peut être sujet à développer des caillots s’il a un nombre trop élevé de globules rouges causé par un problème au cours de la grossesse ou à l’accouchement. L’accident vasculaire cérébral peut être évité chez ces nourrissons en leur administrant une exsanguinotransfusion partielle au cours de laquelle le sang est dilué avec une solution saline.
La déshydratation après la naissance du bébé peut entraîner la formation de caillots. Consultez le médecin si votre bébé montre les signes de déshydratation suivants :
- bouche sèche;
- moins de six couches mouillées par jour;
- absence de larmes et yeux cernés;
- fontanelle enfoncée, l’espace « mou » sur la tête du nouveau-né;
- sécheresse de la peau.
Il est important que les parents soient à l’affût d’un accident vasculaire cérébral au cours de la période néonatale. Consultez votre médecin de famille si vous soupçonnez que quelque chose ne va pas avec votre nourrisson. N’ayez pas peur de réagir de manière excessive. Il vaut mieux prévenir que guérir. Si votre médecin de famille est d’avis que votre enfant a subi un accident vasculaire cérébral, il recommandera votre bébé à un pédiatre qui fera l’analyse de la situation.
Quelles sont les conséquences d’un accident vasculaire cérébral chez les nouveau-nés ?
Le cerveau du nouveau-né est malléable et est donc plus apte à se remettre d’un accident vasculaire cérébral que le cerveau d’un adulte. Les cellules nerveuses du cerveau d’un nouveau-né sont encore à l’étape d’établir de nouvelles connexions, ce qui permet au bébé de transférer certaines fonctions importantes à d’autres régions du cerveau. Par exemple, si l’accident vasculaire cérébral est survenu dans une région du cerveau régissant la parole, l’enfant pourrait, en vieillissant, transférer le contrôle de cette fonction à une région opposée du cerveau. Un nouveau-né pourrait subir un accident vasculaire cérébral grave et être normal du point de vue neurodéveloppemental en raison de la malléabilité de son cerveau.
Cependant, certaines complications courantes découlent d’un accident vasculaire cérébral chez le nouveau-né. La paralysie cérébrale est la complication la plus courante. L’épilepsie, des problèmes de langages, des complications cognitives et comportementales, des céphalées et des troubles de convulsion peuvent être des conséquences d’un accident vasculaire cérébral chez le nouveau-né. Ces troubles nécessitent des traitements spéciaux à long terme, afin d’assurer la meilleure qualité de vie à l’enfant.